Impressions d’Israël

De retour d’Israël où il participait à une délégation d’élus, Patrick Haddad, maire de Sarcelles, a publié ses impressions sur les réseaux sociaux. Avec son aimable autorisation, nous reprenons ici ses propos. Malgré l’horreur, la brutalité d’un conflit et l’absence immédiates de perspectives politiques qui conditionnent une paix durable, tout espoir n’est pas éteint comme en témoigne son échange avec la fille de Shimon Peres, dont on sait le rôle dans la conclusion de cet espérance assassinée que furent les accords d’Oslo.

Colombe de la paix (Pixabay)
Image Pixabay.com, lic. ouverte Pixabay.

«J’appréhendais [ce voyage] pour deux autres raisons également. La première c’est de laisser penser que seul le sort des Israéliens m’importe, pas celui des Palestiniens. Il n’en est rien. Toutes les vies se valent.» Patrick Haddad.

J’ai accepté volontiers de faire partie d’une délégation d’élus, députés, sénateurs, maires et adjoints, organisée par le Conseil représentatif des institutions juives de France pour se rendre en Israël à l’occasion des 75 ans des relations diplomatiques entre nos deux pays.

Photo Patrick Haddad.

Outre les contacts institutionnels avec le président de l’État ou le consul de France, fort instructifs, j’ai pu rencontrer Miriam Feirberg, la maire de Netanya, notre ville jumelle en Israël depuis plus de 35 ans. Cette dernière m’a très aimablement remis la clef de la ville, une distinction symbolique de valeur pour laquelle je la remercie chaleureusement.

Photo Patrick Haddad.

À vrai dire, j’appréhendais aussi ce voyage, parce qu’Israël est un pays en guerre et traumatisé par les attaques terroristes indicibles perpétrées par le Hamas le 7 octobre dernier, et que rencontrer des familles de victimes et d’otages allait forcément être une rude expérience. Rude mais nécessaire. Face à l’inhumain, l’humanité réside justement dans notre solidarité avec celles et ceux qui ont vécu l’enfer et parfois le vivent toujours quand leurs proches sont encore retenus.

L’humanité élémentaire, c’était aussi cette cérémonie place des Invalides, très digne, en hommage aux victimes françaises du 7 octobre, à laquelle nous avons assisté via la retransmission depuis Tel Aviv.

J’appréhendais pour deux autres raisons également. La première c’est de laisser penser que seul le sort des Israéliens m’importe, pas celui des Palestiniens. Il n’en est rien. Toutes les vies se valent. C’est d’ailleurs le sens des deux dons qu’a accordé le conseil municipal de Sarcelles pour aider les civils des deux parties. Sans cette considération égalitaire des êtres humains, quelle que soit leur identité, aucun règlement durable du conflit ne sera possible.

La dernière appréhension concernait la situation structurelle du Proche-Orient qui semble plus que jamais dans l’impasse. Une impasse dans laquelle le pire risque de se reproduire. Or, j’ai perçu quelques lueurs d’espoir, certes faibles mais pas inexistantes.

Aujourd’hui, il faut simultanément la libération des otages, la reddition du Hamas avec dépôt des armes et un cessez-le-feu. Puis viendra le jour d’après. De l’horreur actuelle avec un niveau de pertes civiles jamais atteint dans ce conflit, doit ressortir une solution politique, avec, en outre, une souveraineté territoriale normalisée, clarifiée sur l’ensemble du territoire.

L’élimination du Hamas est indispensable pour cela, tout comme l’émergence d’interlocuteurs constructifs et légitimes du côté palestinien. Cela prendra du temps mais il le faut. Les pays arabes avec lesquels Israël entretient de bonnes relations pourraient avoir un rôle fondamental à jouer. Tant mieux si cela peut aider, car il faudra une grande communauté internationale soudée pour trouver la solution de long-terme et les protagonistes pour la porter.

Si Israël est une démocratie dont il faut respecter les choix, cela n’empêche pas d’avoir un avis. Le mien était clair avant ce voyage, il l’est encore plus aujourd’hui après avoir rencontré des Israéliens et des Israéliennes de très grande qualité. Les dirigeants actuels du pays ne sont pas au niveau, ni en termes de positionnement, ni en termes de compétences. Ce pays gagnerait à donner plus de responsabilités aux laïcs et aux femmes en particulier. Nous en avons rencontré d’exceptionnelles.

Tsvia Walden, fille de Shimon Peres, avec Patrick Haddad. (crédit photo : Patrick Haddad).

J’ai été très touché par les mots de Tsvia Walden, fille de Shimon Peres, qui me disait, dans un français impeccable, connaître Sarcelles. Je lui ai dit qu’elle y était chez elle. Le Centre pour l’innovation et la paix, à la mémoire de son père, permet d’en perpétuer l’œuvre résolument progressiste. Il est à bien des égards un modèle qui, je le souhaite, pourrait inspirer de futurs dirigeants.

Les femmes du Kibboutz Be’eri, atrocement touché par les attaques du Hamas, le sont tout autant. Militantes de la paix, de l’egalité et du co-développement, malgré les pertes et les exactions subies, elles restent d’une dignité admirable. Nous devons continuer de construire des ponts avec eux, avec elles. Des femmes sarcelloises étaient à leurs côtés avec le mouvement des Guerrières de la paix, juste avant les attentats, pour y porter notre message fraternel. Pour ma part, je me suis engagé à ce que la ville de Sarcelles soit le fer de lance de la reconstruction de la magnifique galerie d’art du Kibboutz Be’eri, aujourd’hui réduite en cendres.

Photo Patrick Haddad.

Lutter contre le terrorisme, contre les extrémistes et pour la paix est un seul et même combat. Chacun doit le mener à son niveau. Sarcelles y prendra toute sa part.

Avec Patrick Haddad, d’autres élus socialistes avaient participé à ce déplacement : Claude Raynal, sénateur de Haute-Garonne, et Mickael Bouloux, député d’Ille-et-Vilaine.

De gauche à droite (mais de gauche à gauche) : Claude Raynal (sén. PS), Patrick Haddad (maire PS de Sarcelles) et Mickaël Bouloux (dép. PS). Crédit photo: Patrick Haddad.
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